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La Presse — Nous le constatons, jour après jour, l’IA est en train de bouleverser plusieurs domaines, chaque jour, elle conquiert des terrains et ses conquêtes sont incalculables.
Nous savons que les premiers à s’alerter de chaque nouveau sujet social, de quelque ordre qu’il soit, de s’offusquer de chaque nouvelle invention (en l’occurrence technologique) sont les philosophes, ils sont prompts à s’inquiéter sur l’état du monde et les risques des inventions nouvelles.
Dès l’apparition de l’Intelligence Artificielle et de ses différentes applications, la revue française Philosophie Magazine a sorti un hors-série sur le sujet, intitulé « IA, le mythe du XXe siècle ». Certitudes et incertitudes des philosophes et des chercheurs face aux avancées de l’IA y sont analysées.
Les philosophes sont partagés sur le sujet de l’IA, l’un d’eux, Jean-Paul Enthoven, médiatiquement connu, prof de philo et écrivain, producteur d’émission télé spécialisée (philo), a émis publiquement son avis sur l’IA, il a écrit un ouvrage (L’esprit artificiel), où il défend l’idée que l’Intelligence Artificielle ne pourra jamais dépasser ni remplacer la pensée humaine. En peu de mots, il dit que la machine ne pense pas et ne peut pas penser. L’IA peut, par exemple, reproduire une dissertation mais elle ne peut pas réfléchir. Il arrive à un professeur de philo, ajoute-t-il, d’inviter l’autre(ses pairs, ses étudiants ou ses auditeurs) à partager un doute ou à remettre en cause ce qu’il pense, ce qui n’arrivera jamais à l’IA, qui ne doute pas, ne partage pas. Ce à quoi, le philosophe Charles Pépin ajoute «…nous les humains, hésitons, l’IA peut tout faire, mais ne peut pas par exemple hésiter, réfléchir sur le sens de la vie, bref, nous les humains, pensons avec notre corps, nos émotions, tandis que la machine ne peut pas douter, elle ne peut pas philosopher au sens propre».
Chaque année, Enthoven passe l’épreuve du baccalauréat (en le faisant savoir.) A l’apparition de l’IA, il a défié l’application ChatGpt à l’épreuve du bac, le sujet était « Le bonheur est-il affaire de raison ? ». Les copies anonymes ont été corrigées par deux profs ( de philo) qui ont noté et délibéré à l’aveugle ; verdict du duel : l’homme 20/20, l’Intelligence Artificielle 11/20.
Etonnant score qui a fait le tour des médias (francophones) et qui a fait rire quelques philosophes, les notes requièrent une explication qu’Enthoven ne tarde pas à donner. La machine a ses limites, les anti- IA jubilent.« …dans cette épreuve, la copie de ChatGpt ne valait même pas 11/20 », remarque le philosophe et de gloser sur cette note, qui ne vaut rien, à son avis. Il finit par conclure « que l’homme, l’humanité est un casse-tête pour la machine ». Faut-il conclure que l’IA, qui avance à pas de géant, a encore du chemin à faire pour remplacer l’homme qui pense ?